Discours de Jean-Claude MAILLY

COMITE CONFEDERAL NATIONAL FORCE OUVRIERE 29 ET 30 SEPTEMBRE 2016


DISCOURS DE JEAN CLAUDE MAILLY


Cher(ère)s camarades,
Depuis notre dernier CCN des 13 et 14 avril, nous avons tous été mobilisés dans ce long bras de fer, ce combat contre une loi que je qualifie de « ratage complet du gouvernement » tant sur la forme que sur le fond et qui restera le chewing-gum qui lui collera longtemps aux baskets.

A chaque fois que resurgira la loi travail, et ça va être le cas tant on va découvrir les défauts de cette loi dans son application, resurgira l’image du chewing-gum ou du sparadrap du capitaine Haddock. Cette loi véhicule le reniement d’un gouvernement dit « de gauche » en touchant notamment à la hiérarchie des normes, en niant la
concertation avec les interlocuteurs sociaux et le débat avec les parlementaires.

Je l’ai indiqué récemment lors d’un colloque sur le rôle des syndicats, c’est François HOLLANDE le président de la République qui a le plus parlé de dialogue social et l’a le plus mal exercé et c’est également lui qui a le mieux défini le 49-3 en le définissant comme étant, je le cite « l’arme lourde des exécutifs faibles ». Ce qui était prémonitoire.

Il l’a dit en 2006 ! 10 ans après, c’est le même homme mais ce n’est plus la même histoire car deux lois du champ social de son quinquennat, la loi croissance et la loi travail, ont été adoptées à coups de 49-3.

Les termes ne manquent pas pour qualifier le comportement de l’exécutif durant cette période. En me limitant à quelques mots je pourrais dire : mépris, autoritarisme, néolibéralisme, entêtement, amateurisme, duplicité. J’y reviendrai.

Il n’échappe non plus à personne que la campagne présidentielle a déjà démarré. A la question des journalistes « qu’en attendez-vous ? », je déclare que FO, fidèle à son comportement indépendant, ne donnera pas de consignes de vote, au premier comme au second tour, mais j’ajoute qu’il est souhaitable que les questions sociales, économiques et européennes reviennent au centre du débat.

Le débat ne doit pas seulement se focaliser essentiellement sur les questions de sécurité ou identitaires. 

Le cœur des préoccupations des salariés c’est l’emploi et le pouvoir d’achat. Les politiques, dont se détournent de plus en plus les Français, devraient s’en rendre compte ! Au premier rang desquels le président de la République.

Un politologue que nous avons interviewé à FO Hebdo a déclaré que la question identitaire est, je cite : « un piège à cons pour les pauvres ». Je ne le dirais peut être pas avec ces mots mais en effet, il ne faut pas se tromper de responsables quant à la montée de la précarité et de la pauvreté, de l’explosion du chômage, de la fermeture d’entreprises, de l’accroissement des inégalités ou du sentiment d’abandon républicain.

Je l’ai dit lors de plusieurs interviews, mettre en avant la question identitaire ou de sécurité, c’est inquiétant car pendant ce temps-là, on ne parle ni de social ni de l’économie qui sont pourtant les questions clés.

Depuis quatre ans, je répète que les logiques d’austérité sont suicidaires y compris démocratiquement. Elles provoquent un sentiment de délaissement et ouvrent la porte aux populistes, au rejet de l’autre et aux identitaires partout en Europe, j’y reviendrai aussi.

Autre sujet que je veux aborder et ce dès le début de mon propos : le développement de notre organisation.

Nous sommes à la fin du second cycle de représentativité et après l’arrêt des compteurs au 31 décembre 2016, on connaitra la vérité des comptes, si je puis dire, en mars prochain et là mes camarades, la question est : à quoi s’attendre ?

Je ne reviens pas sur nos positions relatives à la représentativité mais n’oublions pas qu’en dépendent également maintenant le financement global et avec la disparition du parapluie de la représentation confédérale, la représentativité systématique des branches.

Ce n’est pas faute de rappeler à chacune de mes interventions devant vous que se développer est LA PRIORITE, celle de tous ! J’y reviendrai également.

Pour lire l'intégralité du discours veuillez télécharcher le fichier PDF ci-joint.

Discours jc mailly ccn 29 et 30 septembre 2016Discours jc mailly ccn 29 et 30 septembre 2016 (243.48 Ko)

 

______________________________________________________________________________________________________________________________________

 

COMITE CONFEDERAL NATIONAL DE LA CGT FORCE OUVRIERE PARIS,

 

RESOLUTION:

 

Réuni les 29 et 30 septembre 2016 à Paris, le CCN s’inscrit dans l’ensemble des revendications des résolutions du 23ème Congrès confédéral de février 2015 à Tours.

 

POUR L’ABROGATION DE LA LOI RELATIVE AU TRAVAIL

Ultra minoritaire, imposée à coups de 49.3, la loi « Travail » détruit des droits collectifs et accroît les inégalités ainsi que la précarité, notamment des jeunes, dans la continuité du pacte budgétaire européen et du « pacte de responsabilité ». L’inversion de la hiérarchie des normes concernant dans un premier temps, le temps de travail et la poursuite des travaux de réécriture du Code du travail s’inscrivent dans une destruction programmée des conventions collectives de branches par le transfert de pans entiers du droit du travail et de la négociation collective au niveau de l’entreprise anticipant celle des statuts de la fonction publique. La remise en cause du rôle de la branche ; celle de droits individuels acquis ; la remise en cause des majorations des heures supplémentaires ; les facilitations des licenciements ; l’affaiblissement de la médecine du travail sont au cœur de ce texte. FORCE OUVRIERE poursuit son combat contre ce texte, y compris sur les aspects juridiques, constitutionnels, conventionnels et règlementaires. Le CCN revendique l’abrogation de cette loi inacceptable.

 

POUR L’AUGMENTATION DES SALAIRES, LA CREATION D’EMPLOIS DE QUALITE ET L’INVESTISSEMENT PRODUCTIF

Le niveau global et dramatique du chômage rappelle que cette politique économique est néfaste. La consommation et l’investissement notamment public, l’innovation, en particulier industrielle, sont les clés pour relancer l’activité, l’emploi et la croissance.

Devant les difficultés industrielles touchant de nombreux secteurs et face au manque de soutien des politiques, le CCN revendique une véritable politique industrielle créatrice d’emplois et défendant l’industrie sur notre territoire national, y compris en autorisant la prise de majorité de capital par l’Etat, temporaire ou définitive, quand la situation l’exige pour sauver l’emploi.

Pour le CCN, l’augmentation du pouvoir d’achat demeure la revendication prioritaire et immédiate pour les travailleurs. Il revendique notamment un SMIC à 1 370 € net par mois, soit 80% du salaire médian, et une augmentation générale des salaires, des rémunérations des apprentis, des pensions, des retraites, des allocations et des minima sociaux. Le CCN revendique le retour de l’indexation des retraites et pensions sur les salaires. Dans la Fonction Publique, la perte du pouvoir d’achat se poursuit. Le CCN continue de revendiquer l’augmentation immédiate de 8% et l’attribution de 50 points d’indice.

Le CCN dénonce et combat la détérioration des conditions de travail accentuée par les phénomènes de stress engendrés par les nouvelles déréglementations.

Pour le CCN, le CDI est la forme normale de relation de travail et doit le demeurer. Aussi, il dénonce l’utilisation abusive faite des contrats courts et précaires (CDD, Intérim …). Le CCN rejette le pacte de responsabilité, accordant 100 milliards en trois ans au patronat doublé d’un marché de dupes en matière d’emplois, affaiblissant de plus le financement de la Sécurité sociale et le fonctionnement des services publics du fait des exonérations et des 50 milliards de réduction de dépenses publiques et sociales. Le CCN condamne l’attribution des aides publiques aux entreprises distribuées sans ciblage, sans conditionnalité, ni contrôle. Le CCN rappelle son opposition à toutes formes d’exonération de cotisation de Sécurité sociale qui mettent en cause le salaire différé et l’ensemble de la protection sociale collective.

Le CCN rappelle sa revendication d’une grande réforme fiscale fondée sur une proportionnalité juste et redistributive, ainsi que son opposition à la mise en place d’un prélèvement à la source, antichambre de la fusion IRPP/CSG.

 

DEFENDRE LA REPUBLIQUE ET NOTAMMENT L’EGALITE DE DROITS

Le CCN réaffirme son attachement à la République, une, indivisible et laïque, facteur consubstantiel à l’égalité de droits. Il s’oppose à la réforme territoriale, atomisant l’action publique, créant des régions autonomes et omnipotentes et faisant disparaître ou affaiblissant les communes et départements. Le CCN s’oppose également à la loi santé, à la maitrise comptable ainsi qu’aux mesures d’économies imposées à la protection sociale. Il s’oppose aussi à la loi de refondation de l’école et à ses conséquences, notamment les réformes du collège et des rythmes scolaires. Il rappelle son attachement indéfectible au statut général et aux spécificités des 3 versants de la fonction publique. Le CCN revendique une augmentation des moyens humains et financiers pour les institutions du service public de l’emploi (Pôle Emploi, missions locales, AFPA, etc.), afin d’endiguer la détérioration continue du service rendu et de permettre un retour plus rapide vers l’emploi.

S’agissant de la numérisation et de la digitalisation, le CCN revendique une approche collective en termes de droits et statuts, les progrès techniques ne devant pas être un prétexte pour la personnalisation de la relation sociale et économique contraire aux droits individuels et collectifs. Le CCN dénonce les propositions visant à instaurer un « revenu de base », qui n’est qu’un moyen d’avaliser le sous-emploi en cherchant à rendre acceptable la précarité au titre de la charité, engendré notamment par l’ « ubérisation » au lieu de la combattre.

Le CCN dénonce la Programmation Pluriannuelle de l’Energie, purement idéologique, qui va accroître les coûts et la précarité énergétique et s’inscrit à contre sens des besoins tant sociaux qu’économiques.

La crise économique toujours en cours sert aussi de prétexte aux tenants du libéralisme pour réduire à néant la liberté des travailleurs, que ce soit à travers la remise en cause de l'expression démocratique des salariés de faire valoir leurs droits qu’à exprimer un rapport de forces. La persistance de l’état d’urgence ainsi que la loi sur le renseignement menacent les libertés individuelles et collectives. Par ailleurs, le CCN n’accepte aucune remise en cause du droit de grève et de manifester et soutient l’action des travailleurs pour défendre partout dans le monde ce droit essentiel mais chaque jour remis en cause. De plus, face à l’absence de politique commune des Etats et aux drames humains quotidiens, le CCN réclame la mise en place d’une solidarité et d’une politique migratoire européenne.

Le CCN exige l’arrêt des tractations menées en catimini par la Commission européenne avec d’autres Etats notamment les accords TTIP, TISA ou celui initié avec la Chine.

 

LIBRES, INDEPENDANTS, REVENDICATIFS

Le CCN réaffirme son profond attachement à la liberté et à l’indépendance syndicale qui sont à la base de toutes les actions revendicatives de FO dans la négociation comme dans l’action. Fidèle à ses principes, FO ne donnera aucune consigne de vote à l’occasion des diverses élections politiques, en particulier pour les premiers et deuxièmes tours des élections présidentielles 2017. Le CCN revendique l’abrogation des lois liberticides dites de représentativité et condamne la loi relative au « dialogue social et à l’emploi » qui porte atteinte aux institutions représentatives du personnel et aux syndicats, affaiblissant le rôle essentiel des CHSCT, instance à part entière et fusionnant les négociations collectives obligatoires. Si la restructuration des branches doit permettre d’assurer une meilleure couverture conventionnelle pour tous les salariés à condition de respecter la hiérarchie des normes, le CCN appelle à la plus grande vigilance quant aux risques de remise en cause des droits conventionnels et de la représentation des salariés du fait des fusions et élargissements à venir. Le CCN se félicite de la décision de l’OIT exigeant de la France, suite à la plainte de FORCE OUVRIERE, de réviser sans délai, les règles de désignation des délégués syndicaux et exige du gouvernement l’application de cette décision.

Le CCN apporte son soutien à toutes les unions départementales et unions locales dont les conditions de mise à disposition des locaux sont remises en cause par les collectivités pouvant aller jusqu’à des menaces d’expulsion pure et simple.

Pour le CCN c’est une attaque de plus contre les moyens d’action des syndicats et de défense des intérêts des travailleurs.

Face à toutes ces attaques, le développement syndical est une priorité : le CCN appelle l’ensemble des structures et militants à amplifier la syndicalisation en développant de nouvelles implantations et en renforçant les structures existantes par l’augmentation du nombre d’adhérents y compris dans les TPE. Le CCN apporte son soutien à tous les syndicats FO et tous les travailleurs qui, chaque jour, combattent y compris par la grève, pour défendre leurs revendications et intérêts légitimes.

Le CCN dans ce contexte condamne la multiplication des arrestations des procédures judiciaires, des peines et des sanctions lourdes requises à l’encontre de militants syndicalistes. Le gouvernement use de méthodes qui tentent de remettre en cause la légitimité de l’action syndicale. Le CCN dénonce la répression en cours alors que la violence subie par les salariés au quotidien émane principalement des choix économiques qui leurs sont imposés.

Le CCN exige l’abandon immédiat de toutes les poursuites contre les militants mis en cause.

Le CCN revendique, dans les branches qui ne le prévoient pas, des dispositions applicables aux salariés des TPE, et la possibilité d’y désigner des représentants syndicaux. L’égalité républicaine doit s’appliquer à tous les salarié(e)s. A travail égal, salaire égal, y compris pour les droits sociaux et syndicaux. Le CCN appelle tous les syndicats et les militants FORCE OUVRIERE à se mobiliser pour faire voter FO aux élections dans les TPE de novembre et décembre 2016.

Construire le rapport de force à même de faire reculer le gouvernement et le patronat, obtenir en particulier l’abrogation de la loi Travail et faire aboutir les revendications de FORCE OUVRIERE est indispensable. Le CCN se félicite du rôle joué par la Confédération, dans les 7 derniers mois, par la clarté de la revendication pour le retrait puis l’abrogation de la loi travail, la Confédération a permis que s’engage un mouvement puissant dans l’action commune. Dans la continuité, le CCN apporte son soutien aux actions décidées par les unions départementales et les fédérations et donne mandat à la Commission Exécutive et au Bureau Confédéral pour prendre toute initiative nécessaire.